Les prémisses de la modernité

Arts and Crafts : 1860 – 1910 environ, Angleterre

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Portrait de John Ruskin

Protagonistes : John Ruskin (poète et écrivain), William Morris (fabricant de meubles et d’objets d’art), Philip Web (architecte)…
Mouvement qui se développe à partir des inquiétudes nées de la ville industrielle : sociales et politiques d’une part, création et production d’objets d’autre part.
Face à cette situation, le mouvement Arts and Crafts réhabilite le travail artisanal, « traditionnel », individuel. Pour autant, il explore les questions de l’ornement et de la décoration. Sur ces points, il s’agit là d’un moment important fondateurs du design. Les créations font l’objet de productions en petites séries, voire sous formes de pièces uniques.

Cette attitude, non dénuée de regrets pour un age de l’artisanat et du savoir-faire précédent la révolution industrielle, prône également des conditions de vie près de la nature, dans un environnement plus sain (pollutions, tuberculose, insécurité). On considère que ce retour vers la campagne porte deux germes intéressants pour la suite : découverte de la cuisine végétarienne et abandon par les femmes du corset victorien (« pour s’habiller en paysannes »).

Faire des liens avec :
– exode rural et révolution industrielle ;
– naissance du syndicalisme ;
– utopistes du XIXe siècle, Robert Owen, Charles Fourier, Etienne Cabet ;
– peintres pré-raphaëlites

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John Ruskin : Etude de Gneiss, 1853

Le Deutscher Werkbund – 1907-1934

Le Deutscher Werkbund : associations d’artistes, fondée en 1907 à Munich par Hermann Muthesius, pour promouvoir les capacités à innover en Allemagne dans le domaine des arts appliqués et de l’architecture.

deutcher werbund

Image sur le site http://obdesign.free.fr/ consulté en février 2008


En 1902, l’architecte allemand Hermann Muthesius,attaché à l’ambassade d’Allemagne à Londres (après l’avoir été au Japon) étudie dans le détail « l’utopisme pratique et théorique de William Morris ».
En 1906, la troisième Kunstgewerbeausstellung (exposition allemande des arts appliqués) à Dresde, montre la naissance de prémisses fonctionnalistes face au Jugendstil (version allemande de l’art nouveau). Des produits industriels, à faible coût, bien conçus illustrent les travaux de designers tels que Richard Riemerschmid.
Cette exposition servira de catalyseur pour la création du Deutscher Werkbund, groupe allemand de designers, architectes et de fabricants. Leur ambition est double : accompagner un développement de l’industrie allemande et prôner la qualité artistique au sein de la production industrielle. La fondation de ce groupe a lieu en 1907 à Munich, sous l’impulsion d’Hermann Muthesius.

H. Muthesius en 1911 : « Il s’agit plus que de dominer le monde, plus que de la financer, l’éduquer ou l’inonder de produit. Il s’agit de lui donner un visage. Le peuple qui réalisera cela sera réellement à la tête du monde. L’Allemagne doit être ce peuple »

Principaux protagonistes :
– Herman Muthesius,
– Bruno Paul,
– Peter Behrens,
– Josef Maria Olbricht
Parmi les fabricants :
– Peter Brukmann et Söhn,
– Poeschel et Trepte,
– les ateliers de design Wiener Werkstätte
– les Vereinigte Werkstätten für Kunst im Handwerk.

A partir de 1912, le Deutscher Werkbund publie un annuaire des projets de ses membres, dont des usines conçues par Walter Gropius et Peter Behrens, des automobiles (Ernst Naumann)…

Un débat traverse cette association durant les années 15 et 16, entre tenants d’un industrialisation et d’une standardisation de l’architecture (Ernst Naumann, Herman Muthesius) et ceux d’une approche plus contextuelle (Henry Van de Velde, Bruno Taut, Walter Gropius). La nécessité de reconstruire après la guerre donne raison aux premiers.

L’action du Deutscher Werkbund se confond ensuite, pour l’Allemagne, avec le mouvement moderne. Un des ses points d’orgues est la réalisation de l’exposition « Deutsche Werbund Ausstellung » en 1914, puis en 1927, l’exposition Die Wohnung, dont l’expérience principale est la réalisation d’un lotissement à Stuttgart, le Weissenhofsiedlung, dirigé par Ludwig Mies van der Rohe, pour lequel des bâtiments de démonstration sont conçus par tous les grands noms de l’architecture moderne.


Le weissenhof siedlung, image sur le site http://www.akpool.fr/cartes-postales/ consulté en novembre 2011

Art nouveau, 1890 – 1910 environ

L’Art Nouveau est un mouvement qui se développe en Europe simultanément sous plusieurs appellations : Liberty en Italie, Sezessionstil en Autriche, Modernisme catalan, Jugendstil en Allemagne… Il puise ses origines en Grande Bretagne avec les Arts and Crafts.
Protagonistes : Hector Guimard, Victor Horta, Antoni Gaudi, René Lalique, Charles Rennie Mackintosh….

Il peut être considéré sous deux angles (ce qui alimente mon désaccord sur ce point avec Philippe Delahautemaison) :

1- Rejetant les inconvénients de l’industrialisation et la perte de liberté créative qui semble aller de pair, les protagonistes de l’art nouveau prônent un retour vers l’esprit des guildes moyen-âgeuses, l’étude de motifs de la nature (dimension morale)… Il y a bien-sûr des différences importantes, essentielles peut-être entre lieux et auteurs, on peut néanmoins retenir une volonté d’unifier l’espace (intérieur ?), du plan-masse du bâtiment à la rampe d’escalier (à la petite cuillère dans le cas de C. R. Mackintosh) dans des « tourbillons aériens […], un culte de la continuité formelle … et [un] naturalisme pervers ». Les projets sont rares et précieux, et la volonté affirmée d’engager le débat sur un plan politique se trouve contredit par des projets ponctuels habités, commandités par des personnes aisées.
La citation est prise chez Manfredo Tafuri et Franscesco Dal Co : « architecture contemporaine », Gallimard-Electa, 1976, p 7

2- Les créateurs s’en prennent à des projets de la vie quotidienne, et veulent en finir avec l’historiscisme pesant et sans doute stérilisant ambiant. Il y a à l’évidence une volonté de se confronter à des matériaux vus comme peu nobles (métal, pâte de verre…) ou peu ré-évalués (mosaïques, fresques, vitraux). Au delà, il y a une remise à plat des formes, des rythmes, des espaces et de leurs organisations. Je pense là aux références explicites de C.R. Mackintosh au japonisme ou à Victor Horta, dont les innovations dans les plans d’appartements (Hotel Tassel) ou sur certaines façades moins exposées au regard (et à la publication), curieusement précurseurs ou concommitantes avec les recherches d’un Adolf Loos par exemple.

Ainsi, ces deux points de vue, sans doute tous deux un peu vrais, questionnent le positionnement de l’Art Nouveau en fin de XIXe siècle ou en début du XXe.

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Victor Horta, (baron H.), architecte belge. 6 janvier 1861 (Gand)- 9 septembre 1947 (Bruxelles)

Victor Horta : maison atelier

Victor Horta : maison-atelier, Bruxelles
Image sur le site http://wikipedia.org consulté en août 2008

A Bruxelles, trois bâtiments de Victor Horta sont des musées :
– le Musée Horta (ancienne maison personnelle et atelier de l’architecte)
– la Maison Autrique : une des premières réalisations de Victor Horta (la scénographie a été conçue par François Schuiten et Benoît Peeters)
– le Centre belge de la bande dessinée (Magasins Waucquez)

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Hector Guimard : architecte français – 1867-1942

Entrée de métro Porte Dauphine, Paris
Image sur le site http://wikipedia.org consulté en août 2008

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Charles Rennie Mackintosh (Glasgow) (1868-1928)
Intervenant: Ronan Kerdreux
Mackintosh portrait

Mackintosh-portrait

Un pionnier du mouvement moderne et un créateur de l’Art nouveau

Architecte et décorateur, opposé aux styles historicistes et l’un des précurseurs de l’architecture rationnelle du XXème siècle en recherchant la synthèse entre l’édifice, son agencement intérieur et son mobilier

Membre d’un groupe de quatre architectes (« the four ») qui comprendra sa femme Margaret Mc Donald, la soeur de cette dernière, Frances, et le mari de celle-ci, Herbert Mc Nair. Image sur le site www.insecula.com consulté en déc 2007

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Villa d’un amateur d’art – Concours
Intervenant: Charles Rennie Mackintosh
Mackintosh amateur reception

Concours pour la villa d’un amateur d’art / projet 1909

Mackintosh-amateur-reception

La revue allemande Zeitschrift für Innendekoration lance un concours international pour une villa pour un amateur d’art
Malgrès un rendu en retard, CRM remporte le concours
Edition d’un porte folio préfacé par Herman Muthesius : la maison de CRM « a un aspect profondément original et ne ressemble à aucune autre »

Malgrès une proximité formelle, CRM se distingue réellement de l’art nouveau en cela qu’il utilise volontairement des matériaux industrialisés et les techniques de confort modernes (gaz, éclairage, eau chaude, chauffage par circulation d’air chaud)
Ce n’est donc pas un mouvement formaliste, mais dans une certaine mesure l’annonce des mouvements fonctionnalistes ultérieurs (reconnaissance de Herman Muthésius – 1861 – 1927 architecte allemand, attaché d’ambassade à Londres 1896 – 1903, co-fondateur du Werkbund. qui contribue par ses écrits au renouvellement de l’architecture domestique).

Salle de réception

Salle de réception

Le mouvement de Stijl – 1917

Pays-Bas : Théo Van Doesburg fonde la revue De Stijl, qui prône l’usage exclusif de l’angle droit en position horizontale-verticale et des trois couleurs primaires auxquelles se joignent les « non-couleurs » noir et gris.
La revue paraît jusqu’à la mort de son fondateur en 1931.

Peintres abstraits et architectes d’avant-garde :
Thomas Gerrit Rietveld
Théo Van Doesburg
Piet Mondrian
El Lissitzky (influe pour l’introduction de l’oblique ce qui provoque le départ de Piet mondrian du groupe)
Cornelis Van Easteren (confirme l’oblique par l’introduction de l’axonométrie)

Le nom proviendrait du surnom que Hendrik Petrus Berlage donnait au traité d’architecture de Gottfried Semper « des stijl in der technischen ou tektonischen Künsten » de 1860.

Rietveld rouge et bleu

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Thomas Gerrit Rietveld
: « chaise rouge et bleu » 1918 (formes) et 1923 (couleurs)
Intervenant: Ronan Kerdreux

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Thomas Gerrit Rietveld : « chaise rouge et bleu » – Vue en QuickTime VR
Intervenant: Thomas Casubolo et Bruno Grandsire
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Si vous utilisez cette animation, merci de l’accompagner du commentaire :
« Animation interactive réalisée par Thomas Casubolo et Bruno Grandsire, studio Lentigo ».

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Thomas Gerrit Rietveld : « Villa Schröder », 1924-25
Intervenant: Ronan Kerdreux

« Villa Schröder » (Mme Truus Schröder-Schräder)

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Auteur : Lin ChangChih (30 March 2007)
Image à l’adresse : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rietveld_Schröderhuis.jpg consulté en septembre 2009 sous licence de documentation libre GNU

Rietveld_Schröderhuis2

Auteur : Elswhs
Image à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Rietveld_Schroederhuis_Utrecht.jpg consulté en septembre 2009 sous licence de documentation libre GNU

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Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp et Théo Van Doesburg : café dancing « l’Aubette », 1927-28
Intervenant: Ronan Kerdreux

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Image sur le site www.leblogculture.com/ consulté en sept 2008

Café dancing « l’Aubette » : café, restaurant, brasserie, salon de thé, cinéma-dancing, cabaret et salle de billard.

Il a été conçu par ses trois auteurs à Strasbourg comme un manifeste et une « oeuvre d’art total » où furent testés à l’échelle de l’espace les principes formels de composition élaborés au sein du mouvement de Stijl.Le public fut dérouté par cette expérimentation ; la crise économique de 1929 lui fut fatale. Les décors ont été détruits en 1938.
Reconstituée en 2006 à l’identique de son état neuf en 1928, la « salle » est le pendant du « ciné-bal » qui avait déjà été restitué en 1994, cette fois-là dans des peintures patinées. L’architecture intérieure, structurée par des cadres de couleur grise, est rythmée par des carrés et rectangles peints avec les couleurs primaires.

1927-28-cinedanc

Je me souviens d’un roman policier de Didier Daeninckx dont l’action se déroule à Strasbourg, et au cours duquel un des protagoniste en démolissant une cloison redécouvre le café de l’Aubette. Didier Daeninckx me précise par mail qu’il s’agit de « Mort au premier tour » (Folio policier n° 34, Gallimard, 1998) aux alentours de la page 110. Merci à lui.

Image sur le site www.leblogculture.com/ consulté en sept 2008

Ce lieu, connu maintenant sous le nom « l’aubette 1928 », a été restauré de 1985 à 2006 et est devenu un centre d’art accueillant des expositions. Il est géré par les musées de Strasbourg.
Adresse : Aubette 1928, place Kléber à Strasbourg. tél. +33 (0)3 88 52 50 00
Tram : Homme de Fer